Titre | L'aide humanitaire européenne à l'Afrique; concept, politique et pratique de terrain |
Auteur | Juvenal NSHIMIYIMANA |
Directeur /trice | Prof. Pierre De Senarclens |
Co-directeur(s) /trice(s) | |
Résumé de la thèse | Université de Lausanne Faculté des sciences sociales et politiques Projet de thèse en sciences politiques
Par Juvénal Nshimiyimana
Sous la Direction du Prof. Pierre De Senarclens
L’aide humanitaire européenne en Afrique : concept, politique et pratique de terrain
Introduction Depuis la fin des années soixante, les actions de secours d’urgence et d’assistance aux populations vulnérables, en détresse, sinistrées, victimes de catastrophes naturelles ou de conflits armés, ont connu une croissance quasi-exponentielle. Pour répondre à ce développement fulgurant, une gamme d’acteurs étendue s’est mobilisée : certains spécialement créés pour la circonstance, d’autres retrouvant le rôle qu’ils avaient plus ou moins délaissé ou qu’ils s’étaient trouvés contraints de restreindre, d’aucuns élargissant enfin leurs domaines d’activité. Un vocable spécifique s’est peu à peu imposé pour les désigner : celui d’« humanitaire ». Ce terme est aujourd’hui utilisé soit sous forme d’adjectif (organisation humanitaire, aide humanitaire, acteur humanitaire…), soit sous forme de substantif (l’humanitaire, la professionnalisation de l’humanitaire, les humanitaires…) Des dizaines, puis des centaines de milliers de familles ont répondu par des dons financiers croissants aux appels pressants à l’aide en faveur de l’Afghanistan, du Liban, de l’Éthiopie, du Liberia, de l’Arménie, du Soudan, de la Somalie, de la Bosnie ou du Rwanda, d’Iran, De la République démocratique du Congo,…, sans distinction de race, ni de religion. Pareille dynamique ne pouvait laisser insensible le Politique. Ainsi est apparu, notamment en France, ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « l’humanitaire d'État ». Beaucoup s’en sont inquiétés parce que les deux termes leur paraissaient profondément antinomiques, et n’avaient rien à faire ensemble, à plus forte raison quand les militaires s’en mêlaient. D’autres y ont vu une tentative d’instrumentalisation. Cependant, on peut estimer que ce retour au premier plan des États dans le domaine de l’action humanitaire et d’urgence est inéluctable et non contestable moralement lorsque appuyé par une démocratie, et permettrait une meilleure articulation entre aides publiques et aides privées, tout en limitant d’autant la concurrence et ou la redondance entre les acteurs humanitaires sur un même théâtre.
L’humanitaire est ainsi devenu, à partir des années 1980, un véritable phénomène de société dans les pays industrialisés, et une donnée de poids dans les relations internationales. Pour l’Europe communautaire toujours à la recherche d’une politique extérieure et de sécurité commune (la fameuse PESC prévue par le Traité de Maastricht, dit « Traité sur l’Union européenne » mais dont la mise en œuvre est encore limitée), l’action humanitaire devient un exercice pratique de préfiguration d’une telle politique extérieure commune ou s’agit-il d’une mission principale que la Commission européenne a donné à l’Office humanitaire de la Commission européenne ? L’aide humanitaire de l’Union européenne reflète ces changements dans les relations internationales. L’aide symbolique, essentiellement alimentaire, destinée aux pays ACP, a connu un vrai développement à partir des années 80. Un mandat spécifique et une structure efficace lui ont été conférés par la création de l’Office humanitaire de l’Union européenne (ECHO) en 1992. L’action logistique et militaire étant quand à elle théoriquement confiée aux troupes européennes agissant dans le cadre des missions de Petersberg .
Problématique
« Je reconnais que l’un des plus grands dangers qui guettent le continent africain est la perpétuation de la charité. Je suis effrayé par le raisonnement des généreux donateurs qui croient qu’il n’y a « rien à faire pour l’Afrique », qu’il suffit de soulager sa conscience en distribuant des médicaments et des sacs de riz. J’en veux aussi à nos dirigeants qui, par leur incompétence et, parfois, leur avidité, accréditent l’idée qu’un Etat africain ne saurait survivre sans l’aide humanitaire, sans charité. Je ne pousserai pas jusqu’à accuser les donateurs d’aide de racisme insidieux, parce qu’ils considèrent si facilement les africains comme des cas désespérés. Mais je suis convaincu qu’en déresponsabilisant totalement le continent, et c’est ce que l’on est en train de faire, il n’y aura effectivement plus rien à attendre de l’Afrique. » L’objet de mon étude concerne la possibilité de réaliser une compréhension mutuelle des donateurs et des bénéficiaires de l’aide humanitaire du bien fondé de cette aide. Mais cela nous mène à se poser les questions suivantes : Est ce l’Afrique a besoin d’une aide humanitaire extérieure? Et si oui, quel genre d’aide humanitaire l’Afrique a besoin et dans quelle circonstance ? Qui décide de l’intervention et quel est le rôle des médias ? Si oui, comment doit être organisé l’après aide humanitaire (l’après crise) ? Si non, comment l’Afrique doit s’organiser pour répondre aux besoins humanitaires en cas de crise ? Si non, que sera le rôle de ces nombreuses ONG travaillant dans l’aide humanitaire ?
Plan de rédaction et méthodologie
Dans cette étude, nous insisterons sur les différents aspects de l’aide humanitaire européenne en Afrique afin de pouvoir donner un jugement qualitatif et quantitatif sur son importance dans le système humanitaire international. La première partie décrira l’historique de l’aide humanitaire en général et européenne en particulier, sa politisation ainsi que le rôle de l’Union européenne et d’ECHO dans ce processus. Nous essaierons de voir quelles sont les motivations et les objectifs de l’UE à travers ce soutien. L’analyse menée répondra à quelques interrogations fondamentales à ce sujet et nous permettra d’esquisser une vision de l’avenir possible de l’engagement humanitaire européen en Afrique. La seconde partie consistera à établir un état des lieux de la situation humanitaire en Afrique subsaharienne, s’occupera de traiter du fonctionnement de l’aide humanitaire de l’UE ; nous y examinerons le mandat d’ECHO, ses rapports avec d’autres services de la Commission, les États membres ainsi que ses organisations partenaires, ses rapports avec les États africains plus particulièrement avec la Commission africaine et les organisations humanitaires africaines. Nous aborderons aussi les activités d’ECHO en tant que donateur et coordinateur de l’aide humanitaire européenne. L’objectif étant de démontrer la performance et l’impact de l’action d’ECHO en Afrique, sa collaboration avec les bénéficiaires de son aide et de voir comment elle peut renforcer sa position dans le système humanitaire africain. Nous nous rendrons sur le terrain de l’humanitaire au Sud Soudan, au Tchad et au Nord Kenya où sont entassés les réfugiés somaliens. La troisième et dernière partie de ce travail présentera l’image concrète et pratique du rôle de l'ECHO en Afrique. Nous y analyserons de manière détaillée les relations avec quelques partenaires majeurs, à savoir les Nations Unies, les ONG et le Mouvement de la Croix-Rouge (CICR, FICR). Dans cette étude, nous verrons quelques-unes de ces organisations et agences partenaires d’ECHO, leur politique d’action en Afrique et la participation de la Commission européenne via ECHO. Nous aurons à mener des entretiens avec les responsables pour l’Afrique au sein de la DG ECHO, des responsables chargés des relations avec l’Union européenne et d’ECHO au sein des organisations telles que l’Union africaine (Commission africaine), le Programme Alimentaire Mondial (PAM), Le Comité International pour les Réfugiés (HCR), le Département des affaires humanitaires des Nations Unies (DAH), le CICR et le FICR, SPHERE, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières, …). L’analyse de ces entretiens nous permettra de bien comprendre la réalité de la coopération entre ECHO et les autres acteurs humanitaires et de bien identifier les points positifs et négatifs de cette collaboration. Nous essaierons pour conclure de dresser un bilan plus global de l’action humanitaire en Afrique. Le plan de rédaction comprendra ces sujets qui seront à traiter dans une perspective politique, historique et anthropologique. Une étude de terrain sera probablement à entreprendre. Ainsi, un questionnaire pourrait être soumis dans certaines régions en crise en vue de ressentir le degré de nécessité de cette aide.
Sources et séjour de recherche. Dans le cadre de cette démarche, nous nous appuierons sur les ouvrages publiés par les spécialistes de l’aide humanitaire, les rapports annuels d’activité d’ECHO et de ses partenaires et sur les entretiens avec les responsables d’ECHO, ceux des principales organisations partenaires, des responsables politiques africains et des bénéficiaires de cette aide sur le terrain. Un séjour de recherche auprès d’une institution ou organisation active dans le domaine humanitaire en général et européenne en particulier est aussi prévu afin d’avoir accès au documents de travail et bénéficiaire de la collaboration et l’encadrement des spécialistes-praticiens de l’humanitaire.
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